PROCES DES JEUNES TURCS – (1919-1920)

Procès organisé à Constantinople contre les dirigeants du parti «Union et Progrès», responsables de l’entrée en guerre de l’Empire Ottoman – Première Guerre Mondiale – et de l’organisation du massacre des arméniens et de leur déportation.

Aussitôt après la signature de l’Armistice de Moudros (1918), sous la pression internationale, le nouveau gouvernement turc décide d’établir la responsabilité des auteurs qui ont entraîné l’Empire Ottoman dans la Première Guerre Mondiale et ont organisé le Génocide des arméniens.

Par décision du 16 décembre 1918 ont été créés des comités chargés de recueillir des preuves accusatrices concernant le massacre des arméniens d’Arménie Occidentale (télégrammes chiffrés, lettres officielles, ordres, récits de témoins).

Le territoire de l’Empire Ottoman fut divisé en 10 divisions régionales juridiques d’enquête avec procureurs, enquêteurs et secrétaires. Le 8 janvier 1919 des unités militaires extraordinaires furent implantées. Pendant leurs séances, les tribunaux ont examiné les actions criminelles commises par les dirigeants Jeunes Turcs, les secrétaires en chef et les membres du comité central du parti « Unité et Progrès » ainsi que les organisateurs de la déportation et des pogroms anti-arméniens à Yozgat, Trébizonde, Beyükdereï, Kharbert- « les Teshkilat-i-makhsous » (« Escadrons spéciaux»).

Ce procès a permis de démontrer que les déportations et les pogroms envers les arméniens ne correspondaient pas à des mesures militaires ou disciplinaires et ne s’ appliquaient pas à un lieu précis comme leurs défenseurs ont essayé de présenter la chose mais étaient réellement planifiés, organisés et mis à exécution sur initiative et ordre du parti Jeunes Turcs. Les pogroms quant à eux, ont été exécutés par des tueurs et autres criminels extraits de prison à cet effet.

Le procès des leaders et ministres du parti Jeunes Turcs s’est déroulé du 27 avril au 26 juillet 1919 – 13 séances – avec des interruptions (le 28 mai la délégation anglaise a exilé à Malte 77 individus, cela a engendré une pause) . Le verdict fut publié le 5 juillet 1919 : 4 criminels sur les 31 – Talaat, Enver, Djemal et Nazim – ont été condamnés à mort par contumace. Les autres 27, à différentes peines d’emprisonnement, quelques uns furent totalement blanchis faute de preuves. Le verdict ne mentionnait pas le nom des criminels exilés à Malte par les anglais.

Les 21, 23, 28 juin 1919 s’est réuni le tribunal chargé de juger les secrétaires et autres personnages régionaux du Parti Union et Progrès. Le verdict fut donné le 8 janvier 1920. 3 des 36 accusés ont été condamnés à 10 ans d’emprisonnement, les autres à quelques années seulement.

Le verdict concernant les organisateurs du massacre des arméniens à Yozgat fut prononcé le 8 avril 1919. Le représentant du moutassarif (gouverneur provincial) de Yozgat et le kaïmagan (directeur de la police) Bogazlyan Kemal bey furent condamnés à mort, le chef de la police deYozgat – Tevfik bey – à 15 ans de bagne.

Les donneurs d’ordre pour les massacres commis à Trébizonde furent condamnés le 22 mai 1919, : 2 des 8 accusés – Djemal Azmi bey et Naïm bey – furent condamnés à mort par contumace – les autres à différents régimes de suppression de liberté.

Le 24 mai 1919 est tombé le verdict concernant les organisateurs des poursuites à l’encontre de la population non musulmane – arménienne et grecque – de Beyük Derë: privation de liberté de plusieurs années des 4 responsables.

Le 14 janvier 1920 furent jugés les inculpés dans la déportation et les massacres d’arméniens de Kharberd : Bekhaètddin Chakir fut condamné à mort par contumace ; le secrétaire général du comité du parti Jeunes Turcs de Kharberd – Resnely Nazym bey – à 15 ans de bagne.

Les Protocoles du procès des Jeunes Turcs ont été publiés dans un numéro spécial du journal officiel turc «Takvim-i-vekaï» (Calendrier des évènements») en 1919-1920. Il n’a pas bénéficié d’une résonance planétaire.